Le tapis en tissus recyclés était très répandu dans tous les villages roumains et selon la région, on l’appelle “pres”, “tol”, “tolic”, “pres din cordele”…
Aujourd’hui, ces tapis ne suscitent plus trop d’intérêt, étant souvent jugés par les roumains comme vieillots…
Ce manque d’intérêt du marché local joue au détriment d’une transmission durable de ce savoir-faire ancestral et le constat actuel est unanime – on parle maintenant d’un artisanat en voie de disparition.
C’est lors de notre voyage de juin 2017 que nous avons redécouvert ces tapis et que nous sommes tombés sous leur charme. Depuis, on s’intéresse de près à leur histoire et à leur mode de fabrication.
Du tapis en laine au tapis en tissus recyclés
Difficile de situer avec précision l’apparition de cet artisanat mais dans certaines parties du pays, on le situe vers la fin de la seconde guerre mondiale, pendant la longue période de pauvreté qui a suivi.

Tisserandes roumaines, Monts Apuseni, 1938 ©Satele din Romania
Le tapis en tissus recyclés est apparu comme une version plus modeste des tapis traditionnels en laine, qui habillaient jadis les maisons campagnardes.
Même si son apparition semble être un effet direct de la pauvreté, cet artisanat témoigne de l’ingéniosité et de la créativité du paysan roumain.

Tisserande de Fundu Moldovei, Suceava, 1928 ©Archive du Musée National du Village “Dimitrie Gusti” via @Satele din Romania
Comme beaucoup d’autres techniques de tissage traditionnel, il s’agit d’un savoir-faire qui était transmis de mère en fille. Les femmes tissaient ces tapis pendant les longs hivers roumains, quand elles avaient plus de temps libre.
Au-delà de leur caractère utilitaire, il y avait aussi une certaine notion de « fierté » et d’enjeu social, dicté par les coutumes et par la conscience collective villageoise. Une bonne maîtresse de maison devait « habiller » comme il se doit son foyer – avec des tapis et des couvertures tissées main, en laine ou à défaut, en tissus recyclés.

Sibiu, 1932 – ©Satele din Romania
Une fabrication artisanale
Pour les dernières tisserandes d’aujourd’hui, les étapes de fabrication restent les mêmes : elles récupèrent des bouts de tissus, qu’elles coupent, relient et tissent à l’aide d’une machine à tisser traditionnelle, appelée « razboi » (« guerre » en traduction littérale).

Fabrication d’un tapis en tissus recyclés ©stiri.botosani.ro
Le « razboi de tesut » est un métier à tisser dont le fonctionnement de base est simple : la machine fixe les fils de chaîne selon la tension désirée, tout en permettant le passage des fils de trame, perpendiculairement entre les fils de chaîne.

Esquisse d’un métier à tisser ©Satele din Romania
Un artisanat en voie de disparition
A notre plus grand regret il est actuellement assez difficile de retrouver des artisans possédant encore ce savoir-faire, ce qui complique fortement sa transmission.
Convaincus du potentiel de ces tapis, nous sommes en recherche active de tisserandes qui seraient intéressées par une collaboration pérenne.
Mais la tâche s’avère très difficile…
Nous sommes à votre écoute pour toute information ou contact utile !
2 Commentaires
Ces tapis sont très proches des tapis en saris recyclés que l’on trouve en Inde et qui sont très populaires. On peut en trouver également au Moyen Orient, des tapis magnifiques et uniques puisque leurs teintes ne sont jamais identiques.
Tout à fait Sonia ! Nous en avons vu également au Portugal. Ils ressemblent beaucoup à ceux qui sont tissés en Roumanie. 🙂